ÉDITO DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Éditorial de michel reverchon-billot

Directeur général

2020 a été une année très particulière, la pandémie mondiale a modifié profondément nos vies et notre cadre de travail. Lorsque l’ensemble des établissements scolaires a fermé le 16 mars, des millions de Français(es) ont (re)découvert le CNED. Plus que jamais, notre établissement a su démontrer sa capacité à se mobiliser rapidement pour proposer des solutions de continuité pédagogique. 

Dans ce moment inédit, le rôle des personnels du CNED a été essentiel. Leur engagement sans faille a permis d’assurer un service optimal aux traditionnels inscrits tout en gérant les inscriptions massives de 1,9 million de familles et de 500 000 enseignants sur nos plateformes Ma classe à la maison. La mise en place réactive d’outils de travail facilitant l’exercice des missions à distance des agents leur a permis de rester connectés et présents pour les apprenants et je tiens à les remercier pour leur investissement.

La pandémie a eu pour conséquence une modification profonde et mondiale des relations élèves-enseignants-parents. Le confinement, parce qu’il a entrainé la fermeture de tous les lieux de formation en présence va permettre une ré-interrogation massive des façons d’enseigner et d’apprendre plus profondément sans doute de la forme scolaire. Durant cette période, on n’a pas fait de l’enseignement à distance, mais on a essayé de mettre à distance de l’enseignement en présence, sans en mesurer, ni les effets, ni les impacts, ni les incidences. Le passage rapide et souvent subi à des modalités de travail à distance, puis hybrides (présence et distance), a mis en relief des processus ou des réalités très variables selon les lieux et les personnes. 

L’ensemble des acteurs de la communauté éducative a dû répondre à de nouvelles attentes et relever un nouveau défi, sans y être préparé : comment enseigner et apprendre avec le numérique? Cette question fut au centre des débats lors des États généraux du numérique pour l’éducation, de novembre 2020. Les innovations et les pratiques inspirantes ont été partagées, discutées, analysées, afin de construire, avec l’ensemble des membres de la communauté éducative, une nouvelle vision systémique du numérique pour l’éducation. Le CNED tiendra un rôle majeur dans ce changement de paradigme. En effet, en fin d’année, le ministre Jean-Michel Blanquer a annoncé l’évolution du CNED en une académie numérique, confortant ainsi le Contrat d’objectifs et de performance signé avec les ministres de tutelle, en avril 2019.

Dans ce cadre, nous pourrons proposer des offres d’enseignement étendues aux élèves, aux établissements, aux académies, aux territoires et aux pays francophones. La France se dote ainsi d’une  académie numérique en capacité d’accompagner, à la fois les parcours scolaires atypiques et les établissements du présentiel vers de nouvelles façons d’apprendre et d’enseigner, et le développement de la diplomation française au service de la francophonie. 

Notre pays s’inscrira encore plus durablement dans l’ère du numérique éducatif utile, tout en répondant aux enjeux d’équité territoriale. En effet, si l’offre de formation scolaire se définit à l’échelle nationale, elle ne se décline pas tout à fait de la même façon sur l’ensemble du territoire. Les contingences matérielles, les circonstances de mouvement de personnels, les conjonctures de déploiement des réformes nationales ne permettent pas à tous les établissements d’avoir une offre égale accessible à l’échelle du pays.

Grâce à son catalogue de cours, le CNED permet d’ores et déjà aux établissements scolaires de satisfaire les attentes des élèves, en prenant en compte leurs souhaits de parcours, même si la carte locale de formation ne l’offre pas. Ils deviennent ainsi des établissements augmentés pouvant répondre aux enjeux d’équité territoriale et d’égal accès à l’enseignement, en déployant des langues à faible diffusion, des options peu répandues, des spécialités de lycée, de nouvelles langues vivantes ou des langues régionales.

De même, au-delà de la mise en œuvre d’une solution de continuité pédagogique, activable en 24 heures en cas de crise, à l’image de Ma classe à la maison, le CNED-Académie numérique étendra son offre Program’cours, qui permet d’assurer une continuité des apprentissages dans le cas d’absence d’enseignants sur des durées inférieures à quinze jours, dans les principales disciplines du collège, de la sixième à la troisième.

Pour autant, le CNED n’oublie pas l’autre pan de ses missions : la formation professionnelle. Dans cette perspective, nous allons proposer une réponse directe aux enjeux locaux. À l’horizon de la rentrée 2021, une offre à distance, adaptée aux territoires et aux bassins d’emploi, sera proposée avec des BTS, CAP et certifications professionnelles… En complément, des dispositifs en hybridation seront mis en place, en partenariat (CFA académique, Compagnons du devoir, Campus connectés) et répondant aux attentes des étudiants et des adultes, en orientation et en reconversion professionnelle. 

Cette offre répond aussi à un enjeu écologique : en offrant des formations au plus près des lieux de résidence, on réduit d’autant les déplacements. Les apprenants n’ont donc plus à tenir compte des frontières géographiques et peuvent reprendre leurs études ou réorienter leur parcours professionnel sans se restreindre : le champ des possibles est ainsi bien plus vaste avec le CNED.

Vous le voyez, nous nous inscrivons dès maintenant dans l’ère du numérique utile. Aussi, pour accompagner ce nouveau défi, j’ai signé le 19 octobre 2020, une convention de financement de 14,8 millions d’euros sur quatre ans, avec la Caisse des dépôts au titre du programme d’investissements d’avenir. Avec cette marge de manœuvre financière, ainsi libérée, nous continuerons à innover pour conforter notre stratégie et participer à l’essor de notre établissement.